l'histoire.

Là-dessus, reprenant le cours des choses, nos joyeuses protagonistes montèrent l'escalier à toutes jambes, et reprirent le cours de leurs aventures... particulières, disons...

Cela faisait plusieurs bonnes minutes que Julia notait le cours tandis que Maelle faisait semblant de lire le manuel (qu'elle tenait à l'envers, d'ailleurs...) mais, sous leur couverture d'agent secret impénétrable - surtout que le professeur, consterné, était trop fatigué (enfin, il avait surtout trop picolé la veille) pour râler après ces tire-au-flanc - elles étaient en réalité en train de bavarder.

- Je sais pas pourquoi cette andouille nous a invité, marmonnait Julia en barbouillant de bleu un "mononucléose" réticent sur sa copie. Et, pour ma part, je suis d'avis que c'est un faux jeton !
- Il ne faut sans doute pas voir le mal partout, mais... Pourquoi n'a-t-il parlé qu'à Maureen, alors que nous étions là aussi... C'est comme s'il ne nous considérait pas comme des êtres vivants pensants capables de générer des raisonnement tout à fait honorables, ceci en incluant la théorie de ce fameux scientifique dont j'ai oublié le nom sur le développement aussi physique et psychologique de l'espèce humaine... Ceci n'étant pas dit dans le but de mettre en valeur le développement mental de cette chère Julia et de moi même, et... Bon, d'accord, je me tais !

Maureen regarda ses deux amies un peu étonnée ... Depuis le début du cours, elle avait cherché dans son livre d'histoire ce qu'était la classification des éléments - ça à l'air de lui tenir à coeur - sans parvenir à trouver et n'avait donc pas réellement suivit la conversation. Pourquoi trouvaient elles ça étrange que Philémon lui ait parlé à elle seule ?

- Bah ... c'est peut être parce qu'il me connaissait ... bien que je ne sache pas comment. ça ne sert à rien de vous tourmenter comme ça, je suis sur que c'est quelqu'un de sympa et que quand il vous connaitra, il vous adorera ... hum ... mais je risquerais d'être jalouse de vous alors ...

Maureen eu un petit rire en pensant à cette situation, ce qui lui valu d'être réprimandé par le professeur qui la pria d'étudier au lieu de discuter si elle ne voulait pas que toute la classe ait une interrogation par sa faute, et qu'elle lâche son livre d'histoire qui n'avait aucun rapport avec la leçon.

Maureen soupira de soulagement en entendant le son de la cloche ... enfin libéré de cette heure où elle n'avait rien compris - ou plutôt rien suivit - et où elle avait dû se retenir pour ne pas souhaiter que le professeur disparaisse dans les enfers éternels, ce qui, entre parenthèse, ferait des vacances à tout le monde ... il lui avait bien fait peur avec sa menace d'interrogation ... elle n'avait rien appris depuis le début de l'année et, habituellement, elle essayait de pomper les réponses sur un voisin sans se faire prendre - ce qui était un exploit en soit - ... sa moyenne plafonnait déjà à 5,96, pas besoin de la faire descendre encore plus avec un 0 ! Quel sadique ce prof !
La conversation repris autour du rendez vous avec Philémon et, une fois de plus, Maureen se senti légérement perdu dans la conversation.

- Voyons Maria ... pourquoi est ce que ce garçon que je connais à peine essayerait de me toucher ? Et pourquoi tu le traites de vicieux ? On ne sait toujours pas pourquoi il nous a donné rendez vous ... il avait probablement juste envi de parler, pas de quoi s'inquiéter.

En parlant de s'inquiéter ... elle, avait complètement oublier une autre inquiétude ... ses pouvoirs. Elle n'avait plus essayé de s'en servir et ne savait donc pas si son souhait avait marché ... elle aurait volontiers fait un test mais elle ne se sentait pas tellement d'essayer, au cas où il marcherait encore ... et d'ailleurs ... devait elle parler à ses amis du voeux qu'elle avait fait ?

Julia se préparait à râler "Je m'appelle pas Maria" mais elle comprit - ou crut comprendre - que c'était parce que Maureen était un peu "floating in an another world", aussi ravala-t-elle sa réplique en attendant le moment propice.

- Je suis d'accord avec toi, Maureen ! De toutes façons, on est là, et avec nos pouvoirs (chuchotta soudainement Maelle) on ne risque strictement rien ! Mais... A vrai dire, je me pose une question existentielle : sur quoi exactement portent nos pouvoirs ? Nos émotions ? Nos voeux ? Ou bien les deux ?

Elle inspira un coup, prit son air le plus vaniteux, mais avec un petit sourire en coin qui montrait clairement qu'elle n'en pensait pas un mot, et continua, tandis qu'un camarade de classe mal élevé la bousculait sans ménagement.

- Je subbodore que cerner cette... capacité pourrait nous amener à la comprendre... Maureen ! Tu avais bien parlé d'un chat ? Peux-tu argumenter ta thèse et nous raconter en détail ce qui s'est passé ?

Maureen, qui n'avait même pas réalisé la confusion de prénom, ne compris strictement rien à ce que venait de dire Julia ... subbor quoi ? Et pis, c'était quoi une thèse d'ailleurs ? Visiblement, elle n'était pas plus doué en français qu'en physique mais elle se contenta de répondre à la seconde partie de la question, qu'elle avait compris ... on lui demandait de raconter sa rencontre avec le chat s'était ça ? Et bien ... il n'y avait pas grand chose à dire ... et elle avait déjà raconté, mais ça, elle ne garda bien de le dire.

- Bah ... y'a un chat qui est venu à la maison, il m'a dit qu'il me donnait des pouvoirs et que je pouvais les partager avec mes amis et ... je crois que c'est tout.

Maelle soupira longuement et fit craquer une de ses articulations.

- Oui... bien... Le fait est qu'on est pas plus informées...

Julia, quant à elle, prit Maureen par l'épaule, avec le plus de douceur possible.

- Dis, Mau', tu es sure que ça va ? murmura-t-elle lentement, comme si elle avait peur que Maureen ne comprenne pas. Tu es un peu pale et j'ai l'impression que tu comprends pas trop ce qu'on te dit ?
- Oui ! Tu veux qu'on t'emmêne à l'infirmerie ?

Maureen sursauta ... comment ça ? Julia qui s'inquiétait pour elle ... elle devait vraiment avoir une tête d'enterrement ... il était peut être temps de leur dire la vérité ... à propos du dernier souhait qu'elle avait fait ... Elle s'attendait déjà à se faire incendier par les deux filles, mais elle ne pourrait pas le cacher indéfiniment ... aller ... un, deux, trois, on respire, on bloque, on relâche et on recommence ... Et ho ! ça n'était pas le moment de faire des exercices de respiration ! Allez ... un, deux, trois, on se lance !

- Ah vrai dire ... il se trouve que ... le dernier voeux que j'ai fait ... c'était ... et bien en fait ... ne plus avoir de pouvoir magique ...

Elle ferma les yeux et baissa la tête, s'attendant déjà au savon qu'elle allait probablement se faire passer, surtout par Julia.

Julia, en entendant ça, émit un espèce de glapissement indéfinissable, mais cela pouvait être aussi bien du à la nouvelle qu'à l'énorme coup de pied que Maelle lui avait balancé, anticipant sa réaction.

Alors que Julia sautillait tel un sorcier indien incantant pour la pluie en gémissant que ouille c'était pas juste, Maelle, plus conventionnelle, et surtout moins impulsive, prit son amie (pas l'indien, l'autre) par l'épaule.

- Ne t'inquiète pas, Maureen, je comprends très bien ! Tu as envie de retourner à une existence tout à fait normale et j'avoue que je voudrais bien la même chose - étant surtout donné que j'arrive même pas à faire apparaitre une crèpe, même sans chocolat.